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Panorama des métiers des géosciences autour du séisme du Teil

Première étape : caractériser le séisme

Les enregistrements du mouvement du sol sont là, grâce au réseau de stations sismologiques Epos-France réparties sur l’ensemble du territoire. Dans les secondes qui suivent la secousse, les sismogrammes collectés sont ainsi traités automatiquement afin d’avoir une première estimation du lieu et de la taille du séisme. Puis, très rapidement, les sismologues français des différents observatoires des sciences de l’Univers et du CEA se penchent sur les enregistrements pour affiner la caractérisation du séisme. À partir de ces données brutes, leur premier objectif est de localiser la source du séisme, à la surface de globe (épicentre) ainsi qu’en profondeur (hypocentre ou foyer), puis de déterminer sa magnitude et le mécanisme de la rupture. Les premières analyses sont ainsi menées en moins d’une heure.

Deuxième étape : enregistrer les répliques

Le jour même, techniciens, ingénieurs et chercheurs en sismologie se mobilisent pour déployer des sismomètres temporaires sur la zone touchée par le séisme. Ils vont permettre de préciser les caractéristiques de la rupture, notamment en enregistrant les répliques. Au total, une quarantaine de stations sismologiques sont mises en place en cinq jours dans le périmètre intéressant les scientifiques.

Troisième étape : déterminer la déformation de surface causée par le séisme

Les sismologues ne sont pas les seuls à travailler juste après le séisme. De leur côté, les géodésiens cherchent à caractériser les déformations du sol consécutives au séisme à partir d’autres types de données, notamment satellitaires. Ces données vont venir compléter les interprétations obtenues par l’analyse des ondes sismiques. Dès le lendemain du séisme, deux zones adjacentes de déformation sont ainsi mises en évidence. Les analyses des géodésiens montrent que le sol a subi d’une part un soulèvement et, d’autre part, un affaissement de quelques centimètres. Ces deux zones délimitent les deux compartiments de la faille qui a bougé pendant le séisme. C’est la première fois qu’une telle rupture de surface est observée en France. Elle est due à la très faible profondeur du foyer du séisme.

Quatrième étape : Comprendre pourquoi cette faille a bougé

Outre caractériser la faille et la rupture, il est crucial de comprendre pourquoi ce séisme s’est produit. Plusieurs questions se posent : cette faille est-elle connectée à un réseau plus vaste ? Quelles sont les forces qui s’y appliquent ? À quand remonte le dernier séisme ? Y a-t-il d’autres mécanismes mis en jeu ? etc. Pour y répondre, de nouveaux spécialistes vont entrer en scène, notamment les sismotectoniciens. Ces experts vont sillonner le terrain à la recherche d’indices de rupture et corréler l’ensemble des informations à leur disposition. Leur objectif est de comprendre la relation entre la faille et le séisme qu’elle a provoqué, en prenant en compte l’environnement tectonique.

En parallèle, les paléosismologues vont s’intéresser au passé de la faille. Sur le terrain, mais également dans divers types d’archives, ils vont rechercher des preuves d’anciens séismes, afin d’étudier le cycle sismique de la faille. Ces études sont particulièrement importantes pour comprendre en détail le mécanisme de la faille et tenter de prédire son comportement dans le futur.

Cinquième étape : suivre l’évolution sismique de la zone et agir pour la prévention

L’ensemble des résultats obtenus par les différents experts va être également très utile pour la réévaluation du risque sismique de la région du Teil. En conjuguant ces données avec l’étude des dégâts subis par les bâtiments, en modélisant l’impact des séismes potentiels mais également en questionnant la population sur son ressenti, les géophysiciens spécialisés dans le risque sismique vont pouvoir préciser l’aléa sismique, la vulnérabilité de la région et estimer le risque auquel elle est soumise. En fonction des résultats, les experts pourront proposer des actions de prévention afin de protéger au mieux les habitants dans le cas d’un nouveau séisme.

La communication vers le grand public est primordiale. Expliquer aux habitants, aux élus, aux médias… les forces qui agissent sous leurs pieds et leurs conséquences participe naturellement à la prévention, mais également à la diffusion des connaissances. Depuis la survenue du séisme jusqu’à la vulgarisation des études scientifiques, les chargés de communication viennent en appui des scientifiques qui répondent aux médias et informent la population.

L’ensemble des spécialistes de la communauté Epos-France travaille évidemment de concert, au sein de plusieurs équipes pluridisciplinaires qui interagissent régulièrement et partagent leurs résultats, dans le but de faire progresser la connaissance scientifique.

En savoir plus

  • La Société Géologique de France diffuse sur son site web des informations détaillées sur les métiers des géosciences.
  • Elle a également publié en juin 2022 un numéro hors-série de sa revue Géologues, consacré aux “Métiers des géosciences : Evolutions et challenges”. Ce hors-série s’adresse “aux enseignants en tant qu’outil pour faciliter le dialogue avec les lycéens et étudiants sur les perspectives offertes par les métiers des géosciences, mais aussi à tout professionnel désireux d’une approche globale de la filière et de ses opportunités”. En savoir plus sur la revue.

 

Enregistrements du séisme du Teil par les stations Epos-France dans un rayon de 100 km  © Fabien Engels, Frédéric Masson, Marc Grunberg. En savoir plus

Séisme du Teil 2019 : drone équipé d'un Lidar

Séisme du Teil : mission de terrain utilisant un drone équipé d’un système LIDAR afin de repérer les traces laissées en surface par le séisme © Marie de Boisviliers, Matthieu Ferry. En savoir plus

Séisme du Teil 2019 : investigations paleosismologiques

Paléosismologues au fond d’une tranchée sur la faille de la Rouvière, responsable du séisme du Teil © J.F. Ritz, En savoir plus