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Enquêter sur l’intensité du séisme du Teil en 2019

Cette chronique vous intéresse ? Un récit complet de la mobilisation de la communauté scientifique après le séisme a été publié dans la Lettre d’information Résif n°17 de janvier 2020 (pdf).

A l’origine…

Le 11 novembre 2019 à 11h53, les stations sismologiques Résif (devenues Epos-France) enregistrent un séisme d’une magnitude supérieure à 5 à proximité de Montélimar (Drôme). Un analyste de l’Ecole et observatoire des sciences de la Terre à Strasbourg localise le séisme manuellement moins d’une heure plus tard. Il confirme une magnitude de 5.2. Les caractéristiques du séisme apparaissent d’emblée remarquables : magnitude élevée et très faible profondeur (autour de 2 km). Ces informations sont confirmées dans le même temps par le travail de relocalisation effectué à ISTerre (Grenoble) et à Géoazur (Nice), où le mécanisme au foyer est validé à partir des données sismologiques Résif (/Epos-France), confirmant la direction probable Nord-est / Sud-ouest de la faille qui a rompu.

Le jour même, de nombreux instruments et équipes scientifiques sont mobilisés pour suivre l’évolution de la crise et en déterminer les caractéristiques avec la plus grande précision possible (magnitude, localisation, profondeur, type de mouvement de faille associé, mouvements du sol…). Quelques jours après la première secousse, le CNRS initie une mission scientifique spécifique au sein de laquelle des spécialistes du CNRS, d’universités et d’autres organismes vont coopérer pour étudier l’évènement et ses causes.

 

Enquête macrosismique le Teil : maison endommagée

Une maison endommagée dans le hameau de La Rouvière par séisme de 5.2 Mlv près de Montélimar le 11 novembre 2019 © Marc Schaming, Eost Strasbourg. En savoir plus

Les citoyens témoignent sur le site franceseisme

Plus de 2000 personnes ayant ressenti la secousse ont répondu à l’enquête sur les effets du séisme via le site www.franceseisme.fr, certains dès les premières minutes, permettant ainsi une estimation préliminaire et rapide de l’intensité de la secousse. Le BCSF-Rénass lance, dès le 12 novembre, une enquête en ligne auprès des mairies des communes potentiellement touchées. Au vu des premiers dommages signalés, le GIM (Groupe d’intervention macrosismique) est activé pour évaluer précisément les intensités EMS-98 des communes proches de l’épicentre, à partir des effets du séisme sur les bâtiments, en tenant compte de leur vulnérabilité et des niveaux de dommages constatés.

Voir la carte des témoignages sur le site franceseisme.

Le groupe d’intervention macrosismique

Coordonné par le BCSF-Rénass, le GIM a pour mission l’établissement des intensités macrosismiques (sévérité de la secousse au sol) dans un délai court après la survenance d’un tremblement de terre ayant produit des dégâts en France. Il regroupe des scientifiques de différents laboratoires français (chercheurs, ingénieurs) impliqués dans les études sismologiques en relation avec les tremblements de terre (tectonique, géologie, génie civil…).

Sept experts enquêtent sur le terrain

Sept experts de divers organismes répondent à l’appel et interviennent sur la zone entre le 18 et le 22 novembre.

Répartis en équipe de 2 ou 3, ils inspectent au total 24 communes, aidés par les maires ou les services municipaux et accompagnés par les pompiers. Dans la majorité des cas, ils observent des fissures, parfois importantes, ouvertes et nombreuses. Sur les zones les plus sinistrées comme au Teil et à Viviers, certains bâtiments anciens sont en grande partie effondrés. Parfois, très peu de dégâts sont observés à l’extérieur du bâtiment, alors que la visite à l’intérieur permet de découvrir des dommages importants dans les murs, plafonds et planchers.

Etat de catastrophe naturelle déclaré

Les conclusions de l’enquête macrosismique sont l’un des éléments majeurs sur lesquels se base la commission interministérielle pour le classement des communes en catastrophe naturelle pour une prise en charge des dommages par les assurances. Au vu des dégâts importants de ce séisme, une commission accélérée a lieu le 20 novembre pour statuer sur neuf communes parmi les plus touchées et analysées par le GIM les 18 et 19 novembre, toutes classées en état de catastrophe naturelle. Les 15 autres communes étudiées par le GIM ont été traitées par les commissions suivantes.

Les intensités les plus fortes proches de l’épicentre sont de VII au Teil et à Viviers, atteignant localement VIII à la Rouvière et à Mélas pour deux quartiers du Teil les plus proches de la faille. Il s’agit des intensités les plus importantes constatées en métropole depuis le séisme d’Arette de 1967.

En savoir plus sur la procédure de classement en catastrophe naturelle (Site web du Ministère de l’Intérieur).

Enquête macrosismique le Teil : membre mission

Un membre du groupe d’intervention Macrosismique dans le village du Teil © Marc Schaming, Eost Strasbourg. En savoir plus

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